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Le film inversible donne directement une image positive (diapositive) et est presque exclusivement utilisé en couleur. Bien que la consommation globale de films inversibles soit extrêmement faible par rapport à celle des films négatifs couleur, les diapositives sont très largement utilisées par les "amateurs avertis" et par les professionnels. Il y a plusieurs raisons à ce phénomène : le film inversible restitue les subtilités de la lumière et des couleurs avec une grande exactitude; il permet d'obtenir plus facilement le résultat recherché car celui-ci ne dépendra pas de la qualité du tirage; enfin, on accède à la magie de l'image grand format projetée sur écran. Difficile à utiliser ? Je ne nierai pas que le film inversible est souvent plus délicat à utiliser que le négatif couleur. Celui-ci en effet a une grande "latitude de pose" (tolérance aux écarts de lumière et, donc, à la sur- et à la sous-exposition), des corrections de rendu des couleurs sont possibles au tirage et, enfin, des recadrages peuvent être effectués après la prise de vues. En diapositives en revanche, il n'y a aucun moyen de rattraper d'éventuelles erreurs d'exposition ou de cadrage puisque le film développé est le seul original, sauf si on en fait un duplicata ou un tirage. Les appareils reflex modernes possèdent des systèmes d'exposition multizones très performants qui sont très efficaces sur la très grande majorité des sujets et des situations; ils ne dispensent toutefois pas d'analyser "intelligemment" la lumière et les caractéristiques du sujet afin que la diapositive finale corresponde bien à ce que vous avez voulu enregistrer. C'est en fin de compte cette obligation de réflexion et d'analyse, tant à la prise de vues qu'à l'examen des résultats, qui vous permettra d'être un photographe plus "créatif" que "presse-bouton". La difficulté majeure que rencontrent ceux qui débutent avec le film inversible est de changer radicalement ses habitudes : outre la nécessité d'éviter les prises de vues lorsque les écarts de luminosité sont trop grands, il faut privilégier la mesure de l'exposition sur les hautes lumières. Les zones claires doivent être rigoureusement bien exposées car un écart vers la surexposition donnera des diapositives insupportables à regarder, surtout à la projection. Dernière difficulté : celle de s'assumer ! En effet, on ne pourra pas incriminer le labo si les couleurs ne sont pas fidèles, on ne pourra pas commander un nouveau tirage et si le cadrage n'est pas bon, il n'y a pratiquement pas d'autre échappatoire que la poubelle... Choisir le type de film Il y a deux types de film inversible couleur, chacun d'eux étant adapté au type de lumière : lumière du jour (daylight) et lumière artificielle (tungsten). Pour en savoir un peu plus sur la lumière, voir la fiche technique "Température de couleur". Comme son appellation l'indique, le film "lumière du jour" est à choisir pour les prises de vues en éclairage naturel et au flash. Si on l'utilise avec un éclairage artificiel (lampes à incandescence), les images auront une dominante chaude allant du jaune au rouge. Cette caractéristique peut être exploitée pour obtenir des effets spéciaux, mais les meilleurs résultats sont généralement obtenus en mélangeant astucieusement les deux types de lumière. Le film de type "tungsten" est nommé ainsi par analogie au filament en tungstène des lampes à incandescence; il doit donc être utilisé sous éclairage artificiel. Si on l'utilise en lumière du jour, on obtiendra une dominante bleuâtre (froide). Il est possible d'utiliser ces deux types de films sous un éclairage pour lequel ils ne sont pas équilibrés en ayant recours à des filtres de conversion – voir la fiche technique "Température de couleur". Choisir la sensibilité Comme les films négatifs, les films inversibles sont caractérisés par leur sensibilité (on dit aussi parfois la vitesse) exprimée en indices ISO (50-200-400); les films dits "lents", ceux dont la valeur ISO est égale ou inférieure à 100, sont considérés comme ayant le grain le plus fin et donnant des couleurs saturées. Les films sensibles (200-400 ISO) ou très sensibles (800 et plus) permettent de prendre des photos dans des conditions de faible éclairement au détriment de la finesse du grain et, parfois, de la restitution des couleurs. On notera qu'en règle générale le film inversible est moins sensible que le négatif couleur. Le choix de la sensibilité se fera donc à la fois en fonction du sujet et des conditions d'éclairement. Les films de 50 à 100 ISO seront particulièrement adaptés aux paysages, aux natures mortes et aux portraits sous éclairage généreux; une sensibilité de 200 ISO deviendra nécesaire pour les scènes d'intérieur, les prises de vues à l'ombre et en début et en fin de journée, ainsi que pour les photos de sujets en mouvement si l'on ne veut pas utiliser l'ouverture maximale du diaphragme ou une vitesse trop lente. Quand la lumière est faible et qu'on ne peut pas utiliser de pied, ou pour les photos de sports, les films de 400 ISO sont souvent indispensables. Enfin, notez que certains fabricants proposent des films différents bien que de sensibilité égale; les différences se manifestent alors soit sur la finesse du grain, soit sur le rendu (saturation) de certaines couleurs pour que le film donne des résultats mieux adaptés au type de sujet (par exemple, portrait ou paysage) – lisez les publicités, les notices techniques et demandez conseil à votre photographe favori ! Compenser l'exposition Pour la majorité des sujets, les systèmes sophistiqués d'analyse de la lumière intégrés dans les appareils modernes donnent un réglage parfait de l'exposition. Toutefois, dans des conditions d'éclairement difficiles – en particulier en cas de forts contrastes, il est vivement conseillé de faire plusieurs vues en décalant volontairement l'exposition; c'est ce que l'on appelle "bracketing" (voir la fiche conseil "Mesure de la lumière"). Une première vue est faite selon le réglage indiqué par l'appareil, une seconde en ouvrant le diaphragme d'une demie division ou d'une division, et une troisième en le fermant d'une demie ou d'une division. Même si le réglage indiqué par l'appareil est techniquement parfait, il n'est pas forcément le plus esthétique, aussi cette technique permet-elle d'obtenir un résultat correspondant mieux aux caractéristiques propres à chaque sujet et à ce que l'on attend de voir comme image finale. Compte tenu du fait que, comme on l'a dit ci-dessus, les films inversibles sont peu tolérants aux hautes lumières, j'ai plutôt tendance à faire du bracketing "asymétrique" en n'ouvrant le diaphragme que d'une demie valeur et le fermant d'une valeur entière, mais ce n'est qu'un truc personnel. Il est évident que cette compensation est relativement minime et ne suffira pas à rattraper de véritables erreurs d'exposition, notamment lorsque les systèmes de mesure de la lumière sont pris en défaut par les conditions de prise de vues. Voyons quelques exemples. Mesure réfléchie et limites de l'exposition exposition automatique Les cellules incorporées dans les appareils mesurent la lumière réfléchie par le sujet; elles sont étalonnées sur un gris standard à 18% qui correspond au coefficient moyen de réflexion de la grande majorité des sujets. Cela implique que la valeur indiquée sera fonction du coefficient de réflexion de chaque sujet : si celui-ci est nettement plus clair ou plus foncé que ce gris moyen 18%, la mesure ne sera pas correcte et c'est là que l'œil et l'expérience du photographe font toute la différence. Ce photographe expérimenté peut d'ailleurs mesurer la lumière sur une carte de gris étalonné (en vente dans les magasins) qu'il a toujours dans son fourre-tout. Luminosité du sujet Si le sujet est soit très lumineux ou très réfléchissant, soit très sombre et peu réfléchissant, il y a de grandes chances pour que la cellule, cherchant à restituer un gris moyen, entraînera une assez forte sous-exposition dans le premier cas (les blancs seront gris) et une forte surexposition dans le second cas (les noirs seront gris). Notez que plus le cadrage est serré, plus la mesure de la cellule risque d'être faussée. Dans les cas extrêmes, il ne faut pas hésiter à compenser fortement l'exposition : ouvrir le diaphragme de 1,5 à 2 valeurs dans le cas d'un sujet très lumineux et le fermer de 1,5 valeur avec des sujets sombres. Latitude d'exposition On l'a dit au début, les films inversibles couleur ont une moins grande latitude de pose que les films négatifs couleur, c'est pourquoi la détermination de l'exposition exacte et l'expérience du photographe ont une grande importance. Toutefois, la latitude de pose des films pour diapositives est sujette à controverses. En effet, si certains auteurs l'estiment à 2 ou 3 valeurs de diaphragme de tolérance entre les hautes et les basses lumières, d'autres estiment que les films modernes sont capables d'enregistrer un écart allant jusqu'à 5 valeurs. Il est évident que ce n'est pas moi qui vais trancher ce débat d'experts. En conséquence, des essais sont indispensables et vous devez analyser les résultats obtenus avec votre appareil pour un type de film donné; dans la même logique, une fois que vous avez obtenu des résultats satisfaisants avec un type de film, continuez à l'utiliser pour mieux le connaître encore, c'est-à-dire savoir comment il réagit dans les conditions critiques d'éclairement et de réflectance du sujet. ![]() |